Rando qui coche toutes les cases du combo parfait : points de vue grandioses, difficulté modérée (si si malgré les 950m D+) , accès rapide, orientation aisée, idéale en intersaison (ni crampons ni raquettes), sentier peu pratiqué, varié et confortable, présence abondante de flore et quelques
habitations. C’est une magnifique randonnée sans danger objectif mais sur laquelle nous avons été malgré tout très attentifs en particulier sur le sentier de crêtes pour les Azimutien/nes sensibles au vertige.
C’est d’ailleurs une team exclusivement féminine de 5 Azimutiennes qui répond présente à la proposition d’Alain M. (d’aucuns diront le fan club !) en remplacement de la rando prévue initialement au planning.
Michel C. notre président a dû l’annuler pour cause d’événement exceptionnel et inévitable (on n’a pas tous les jours 20 ans!).
Un peu de contexte géologique :
Le mont St Eynard présente une falaise calcaire de plusieurs kilomètres en bordure du massif de la Chartreuse. Elle est constituée de deux barres de morphologies différentes, l’une en calcaire lité (falaise inférieure), l’autre en calcaire massif (falaise supérieure). La montagne du Saint-Eynard est observée, scrutée, instrumentée, scannée et photographiée depuis des années par les chercheurs de l’Institut des Sciences de la Terre, l’activité érosive de cette falaise est aujourd’hui mieux connue et surtout plus intense que ce que l’on soupçonnait au départ. Ces recherches donnent d’ailleurs aujourd’hui des chiffres impressionnants 900 éboulements en 2 ans et demi d’investigation, soit environ un par jour ! Pourtant ces chiffres sont à relativiser, en effet la quasi totalité des éboulements enregistrés
proviennent de la falaise inférieure du Saint-Eynard, beaucoup plus « active » que la falaise supérieure !
Source : « Apport d’une base de données d’éboulements rocheux obtenue par scanner laser dans la caractérisation des conditions de rupture et
processus associés », Julie d’Amato, 2015, thèse de l’Université Grenoble Alpes, encadrée par Didier Hantz.
Coté sécurité notre animateur maîtrise son sujet avec topo et profil de la rando à portée de mains ou plus précisément autour du cou , tracé GPX et GPS dans la poche. L’appli nous a d’ailleurs rappelés à l’ordre 1 seule fois ! Nous nous sommes éloignés de la trace sur quelques dizaine de mètres anecdotiques. Il faut toutefois signaler que sur le sentier le long des crêtes le balisage n’est plus présent et nécessite un peu d’orientation !
Dés le départ du parking du Foyer de ski de fond du Sappey (Altitude 996m) notre animateur Alain place cette journée sous le signe de la convivialité. En effet toutes les conditions sont réunies : une météo clémente malgré un soleil voilé et le ciel laiteux chargé de sable du Sahara, un
dénivelé annoncé de 1050 m D+ (altitude maximale 1596m) mais sans difficultés majeures si ce n’est la répétition montées-descentes (c’est la bonne nouvelle), dont la plus dure après la pause déjeuner (c’est la mauvaise nouvelle), un groupe restreint homogène qui permet de marcher à son propre rythme et favorise l’échange ; en clair on peut se faire plaisir, papoter tous ensemble, et/ou décrasser la machine au fil du cheminement.
Nous sommes donc partis en direction de « La croix du Rocher » et du Fort du St Eynard en empruntant le GR9 qui rejoint les pistes de ski alpin et longe le parc d’accrobranche , ça grimpe sec pour un début mais Alain en serre file motive tout en douceur sa troupe ! On atteint rapidement le Pré du Plat et le début de la crête. A droite le sentier continue normalement sur le parcours du GR9 en direction du Fort St Eynard, à gauche c’est le début de notre parcours sur la partie nord des crêtes. Fin de la première difficulté, en effet le reste du parcours non balisé est relativement vallonné, dans une forêt dense. Nous restons toujours à proximité immédiate du versant Est et du bord des falaises. Des fenêtres dans la végétation nous offrent l’occasion de faire de nombreuses pauses pour admirer de très beaux panoramas sur la vallée Grenobloise, de repérer ou essayer de reconnaître les endroits emblématiques des coteaux du Grésivaudan quelques 1000 mètres plus bas, à l’arrière plan la ligne majestueuse du massif de Belledonne jusqu’au Mont Blanc.
A mi-parcours on arrive au Pas de la Branche, c’est un secteur à l’ambiance inquiétante et les panneaux expliquant clairement les dangers encourus en empruntant ce Pas confirment le sentiment qu’il vaut mieux rester sur la crête. Le sommet des Crêtes est atteint à 1489m, c’est l’occasion d’une pause avec une vue plus dégagée et une flore plus variée : Scille à 2 feuilles merci Alain et ses applis connectées, Narcisses, Crocus et Perces Neige . Il ne manque qu’un bout de ciel bleu pour parfaire le bonheur
de notre photographe Anne-Marie !
Nous poursuivons ce sentier assez sauvage et très agréable en sous bois recouvert de brindilles et de mousses mais aussi jonché d’arbres qui n’ont pas résisté à la rigueur de l’hiver Chartrousin .
C’est sans doute emportés par la magie du lieu que nous n’avons pas voulu suivre le cairn qui nous indiquait qu’il fallait longer la crête…
Nous arrivons à la bifurcation menant au nord au col du Coq et à gauche à l’Emeindras du dessus au moment de la pause déjeuner tant attendue, c’est tentant de se poser ici mais nous décidons de poursuivre.
Et nous ne le regrettons pas ! Très beau débouché sur l’alpage de l’Emeindras du dessus avec son habert, couvert de scilles bleues, crocus, narcisses. Juste magnifique la vue sur Dame Chamechaude ! Le coin est d’ailleurs très fréquenté, nous avions croisé si peu de monde jusque
là !
Un habert est une maisonnette d’alpage destinée initialement à l’abri des bergers ; ils peuvent servir de nos jours à accueillir des randonneurs. Le plus souvent, il s’agit de constructions « en dur » ; ce ne sont pas des chalets. C’est un nom utilisé localement dans les massifs de Chartreuse et de Belledonne.
Après cette pause gourmande il faut bien attaquer la 2ème difficulté ! Direction le Habert de Chamechaude ! Tout droit sur une portion très pentue c’est le moment de vérifier que la machine
fonctionne toujours ! Le sentier devient plus agréable lorsqu’il vire au Sud-Est et rejoint en balcon le pied de Chamechaude , l’occasion de se poser pour nous imaginer dans la traversée par la Brèche Arnaud et plaisanter sur la faisabilité : Elle n’est pas prévue au programme de ce jour
et cela tombe bien ! Nous descendons vers le Habert et la team ne résiste pas à la curiosité d’entrer (qui a dit que les filles étaient curieuses ? ) pour visiter les lieux forts rustiques mais propres au demeurant. La
descente se poursuit par les pistes forestières qui nous amènent tranquillement au parking du départ.
14km linéaire pour 950m D+ et un effort de 90HKG sur l’échelle de la fédération et 6 heures de marche en ne décomptant que le moment pique-nique.
Il reste une dernière étape et non la moindre , rejoindre le café de la place ! En terrasse, nous avons partagé un beau moment chaleureux, à l’image de notre prévenant animateur qui a invité sa team du jour.
Merci pour tout cela Alain et merci à toutes pour votre bonne humeur.
Véronique F.
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